Photo de couverture: Chapelle de Kamppi, Helsinki, Finlande
Les pays nordiques sont, pour ainsi dire, les héros cachés de l’économie mondiale. En tant qu’économies efficaces, modernes et performantes, ils distancent même à bien des égards les grandes puissances comme les États-Unis et la Chine. Les marchés des assurances, très développés dans la région, passent également souvent sous le radar des plans d’expansion internationaux. Pourtant, un deuxième regard vers le nord en vaut la peine.
Et le gagnant vient de… ? L’Europe du Nord, bien sûr ! C’est devenu une habitude des classements annuels des pays publiés par les organisations internationales et les instituts de recherche : à chaque fois, les pays d’Europe du Nord apparaissent dans le peloton de tête. Où vivent les personnes les plus heureuses, selon le World Happiness Report ? En Finlande, au Danemark et en Islande. L’Institut international de développement du management (IMD) compare quant à lui la compétitivité de toutes les économies du monde. Verdict : le Danemark arrive en tête et la Suède et la Norvège devancent, de loin, les grandes puissances comme les États-Unis et la Chine.
Peu importe que le classement porte sur la qualité de vie, le système éducatif, la santé, la prospérité, la démocratie, l’égalité des chances ou encore la protection climatique, les pays d’Europe du Nord font systématiquement la course en tête. Et pour ce qui est des thèmes d’avenir tels que la transformation numérique, l’e-mobilité et la transition énergétique, ils sont également très en avance, imposent des normes et font avancer de nombreuses innovations importantes au niveau mondial.
Le Danemark, la Finlande, la Suède, la Norvège et l’Islande ne sont peut-être pas les plus grandes économies du monde et n’enregistrent pas non plus la croissance la plus rapide. « Mais ces marchés très développés et sophistiqués n’en sont pas moins intéressants », déclare Frank Versluis, Directeur de la souscription chez DR Swiss, la filiale suisse de Deutsche Rück, et responsable du développement commercial des marchés européens ainsi que d’Israël et de l’Afrique du Nord.
Il en va de même pour le secteur de l’assurance en Europe du Nord. « Nous avons ici affaire à des marchés d’assurance sophistiqués, très matures et très développés », précise Frank Versluis. Aucun assureur de la région ne figure certes dans les classements mondiaux des plus grands acteurs, mais il est certain qu’il existe un potentiel de développement important. Du reste, de nombreuses compagnies d’assurance des pays nordiques n’ont rien à envier aux grands acteurs mondiaux du secteur. L’activité de fusion-acquisition est très dynamique et un grand nombre d’entre elles sont pan-nordiques, c’est-à-dire actives dans plusieurs pays de la zone. De plus, elles se démarquent souvent en étant pionnières sur des thématiques phares pour l’industrie, comme la numérisation ou l’assurance de nouveaux marchés de croissance, à l’instar de l’e-mobilité.
Pont cycliste à Copenhague, Danemark
Pont cycliste à Copenhague, Danemark
Depuis sa création en 2000, DR Swiss s’est très vite spécialisée sur les marchés nordiques et travaille depuis des années en tant que réassureur avec de nombreux assureurs directs de ces pays. « C’est pourquoi nous connaissons très bien les spécificités du marché de l’assurance de cette région et sommes aujourd’hui une valeur sûre sur les marchés nordiques en tant que réassureur », explique Frank Versluis.
Autant de qualités importantes car les assureurs locaux sont généralement des entreprises très traditionnelles et sophistiquées. En tant que clients de la réassurance, ils aspirent à des négociations d’égal à égal sur l’évolution du marché et des prix ainsi qu’à des conditions de réassurance équitables. C’est la raison pour laquelle les assureurs nordiques sont également intéressés par des partenariats et des relations commerciales à long terme avec des acteurs tout aussi exigeants et expérimentés. « Après quelques années difficiles, marquées par des conditions de marché compétitives et une charge de sinistres élevée, le durcissement du marché a rendu les marges bénéficiaires futures nettement plus attrayantes, nous permettant ainsi de redresser la situation », rapporte Frank Versluis. Facteur clé de ce succès, DR Swiss était prête à investir durablement et avec persévérance dans le développement des relations commerciales d’une part, et dans l’apprentissage des connaissances et savoir-faire relatifs aux spécificités des marchés nordiques d’autre part. Cette acculturation a été pilotée de manière décisive par le collègue de Frank Versluis, Peter Lusti, souscripteur responsable de la première heure chez DR Swiss. Il connaît le facteur déterminant : « Notre activité dépend très largement des personnes qui l’exercent », explique Peter Lusti. Elle jouit donc aujourd’hui d’une grande renommée auprès des clients nordiques. Avec le départ à la retraite imminent de ce dernier, un changement de génération est en cours. « Il est d’autant plus important pour DR Swiss et pour moi personnellement de préparer cette étape en temps voulu. Avec Urs Wüst, nous avons un successeur qui pourra consolider et développer le solide positionnement de DR Swiss sur le marché nordique », ajoute-t-il.
Les particularités des marchés nordiques de l’assurance ne s’arrêtent pas là. « Nous avons affaire à des pays qui disposent dans l’ensemble d’un très bon système de protection sociale, explique Frank Versluis, qui a lui-même vécu plusieurs années en Finlande. Les individus ont une très bonne couverture assurantielle de base ; de plus, culturellement, on y est globalement conscient des risques ». Cette situation se traduit par des conditions de marché stables et par une charge de sinistres raisonnable. La transparence, la fiabilité et la confiance jouent un rôle important sur les marchés nordiques de l’assurance. « Ici, dans le Nord, les gens restent souvent très longtemps fidèles à un prestataire », confirme Fredrik Strömberg, CEO intérimaire pour les pays nordiques et baltes du courtier en réassurance américain Guy Carpenter en Suède. « J’ai moi-même plus de 60 ans et je n’ai jamais été assuré que par une seule compagnie ».
C’est probablement en raison de ces relations de long terme avec leurs assureurs que les habitants de la région se montrent très ouverts au partage de données avec eux. Une bonne nouvelle car cela contribue à l’efficacité et à la rationalisation des processus administratifs, et permet in fine aux assureurs de gérer leurs activités à moindre coût. « Dans la vie quotidienne et dans l’interaction avec les organisations publiques et privées, presque tout est automatisé et numérique ici », rapporte Fredrik Strömberg. « Il est aujourd’hui très facile de gérer ses affaires financières en ligne depuis chez soi ». Pour les assureurs nordiques, il est important d’entretenir cette confiance. Pour ce faire, ils investissent d’une part dans des processus numériques efficaces et sûrs, et d’autre part dans des équipes de gestion des risques parfaitement organisées et équipées – il s’agit d’une caractéristique des assureurs de la région.
Parmi les autres principaux défis auxquels sont confrontées les compagnies d’assurance nordiques, leurs marchés domestiques se heurtent rapidement à des limites de croissance. De fait, les cinq pays nordiques, à savoir la Finlande, l’Islande, la Suède, la Norvège et le Danemark, avec les territoires autonomes des îles Féroé, du Groenland et d’Åland, couvrent certes quelque 3,5 millions de kilomètres carrés. Mais, au total, ils ne comptent que 27 millions d’habitants. Une taille de clientèle limitée, qui incite de nombreuses entreprises industrielles et de services à opérer à l’échelle mondiale.
Les assureurs directs de la région comptent donc parmi leurs clients des souscripteurs d’assurance dont le siège social se situe dans l’un des pays nordiques, mais qui disposent d’une présence à l’international. Pour les réassureurs, cette situation n’est pas neutre puisqu’elle implique que les risques pertinents ne sont pas liés le plus souvent au marché domestique des assureurs directs, mais ailleurs dans le monde. « Il est important de comprendre quelles sont les expositions à l’étranger particulièrement importantes pour les assureurs concernés et quels sont les risques particuliers que cela engendre », explique Frank Versluis, expert de DR Swiss.
Lors des négociations à ce propos, les experts en réassurance apprécient la culture commerciale très directe des pays nordiques. « Les hiérarchies plates, qui permettent de prendre des décisions rapides et fiables tout en collaborant à un haut niveau de savoir-faire, sont représentatives de la culture d’entreprise », affirme Frank Versluis. « Et contrairement à d’autres pays européens, le recours à l’anglais comme langue des affaires et la diffusion d’une culture ouverte et internationale en matière de business sont au cœur de la pratique commerciale des pays Nordiques ».
En ce sens, les marchés nordiques se démarquent par l’existence d’un marché de l’assurance extrêmement développé et mature. « Il y faut beaucoup de savoir-faire, de persévérance et d’expérience pour réussir en tant que réassureur », conclut Frank Versluis.
Les deux tiers du territoire autrichien sont situés dans les Alpes. Une situation qui n’est pas neutre en termes de risques, lesquels sont par ailleurs renforcés par le changement climatique : inondations, chutes de grêle, tempêtes hivernales, épisodes de pression de la neige ou encore glissements de terrain menacent en de nombreux endroits. Face à ce constat, les assureurs misent donc sur la collecte moderne de données et la visualisation en 3D pour tarifer les risques en conséquence. L’Autriche est en passe de devenir un pionnier de la gestion numérique des risques.
Le Dr. Thomas Hlatky a l’habitude de submerger des quartiers entiers en quelques clics de souris. Le nouveau bâtiment dans la banlieue de Graz, localisé juste à côté du pittoresque cours d’eau ? À la prochaine inondation, il serait inondé en quelques minutes jusqu’au deuxième étage. Les bâtiments voisins ? Ils pourraient rester sous l’eau durant deux jours. Le recours à des sacs de sable pour contenir la montée des eaux ? Ils ne seraient utiles que si l’on en empilait immédiatement jusqu’à 15 000 les uns sur les autres. Sinon, comme on peut le visualiser à l’aide de quelques clics supplémentaires, l’eau les emporterait tout simplement.
Heureusement, les catastrophes sur l’écran d’ordinateur de Thomas Hlatky ne sont qu’une visualisation interactive en 3D. Mais les biens immobiliers, les cours d’eau, les montagnes et les vallées apparaissant sur son écran sont réels – tout comme les scénarios qu’il y présente constituent des risques réels. Thomas Hlatky est responsable du secteur de la réassurance chez Grazer Wechselseitige Versicherung. Au sein de l’Association autrichienne des assurances, il officie comme responsable du projet HORA 3D, qui utilise un programme de visualisation inédit pour les dangers naturels et la gestion des risques. Celui-ci est plus connu en anglais sous l’appellation « Hazard Overview & Risk Management ».
La carte interactive des dangers montre, pour chaque bâtiment, chaque quartier et chaque région d’Autriche, les conséquences qui menacent en cas de catastrophes naturelles telles que les inondations, les fortes pluies, la grêle, la pression de la neige, les tempêtes ou les tremblements de terre. Le logiciel de visualisation est disponible gratuitement en ligne. Chaque propriétaire de logement, chaque locataire, chaque urbaniste, chaque politicien et chaque entrepreneur peut ainsi se rendre compte, à tout moment et avec exactitude, des risques que les dangers naturels font courir à sa maison ou à son entreprise. Et aussi si, et à quel point, différentes mesures de prévention seraient efficaces.
À ce jour, aucun autre pays n’a mis en place une telle plateforme, aussi détaillée et accessible, précise Thomas Hlatky. Dans ce contexte, il n’apparaît guère surprenant que l’Autriche soit devenue un pionnier de la gestion numérique des risques. « L’Autriche est un pays aux risques multiples », explique Daniel Degeling, gestionnaire de clientèle senior Autriche, Europe centrale et orientale chez Deutsche Rück. Alors que d’autres pays comportent seulement un ou deux des risques naturels typiques par région, l’Autriche – dont les deux tiers de la superficie sont situés dans les Alpes – cumule pour sa part plusieurs risques principaux, voire l’ensemble d’entre eux, sur divers endroits de son territoire.
Visualisation des risques liés à l’objet avec les lignes d’arrêt pour quatre scénarios d’inondation le long de la façade du bâtiment (tons bleus devenant plus clairs = HQ30, HQ100, HQ300 ; jaune = risque résiduel HQ300)
Source: HORA 3D
Le danger des catastrophes naturelles reste plutôt abstrait pour beaucoup d’individus, jusqu’à ce qu’une catastrophe se produise réellement. Les extrapolations et les prévisions sur les sinistres n’ont souvent que peu d’effet. L’Autriche a donc choisi une autre voie pour sensibiliser les habitants de la République alpine aux dangers. Le programme d’analyse des risques eHora, accessible au public, simule en quelques clics les effets d’une inondation, d’un tremblement de terre, d’un glissement de terrain, d’une tempête, de la pression de la neige ou de la grêle pour chaque région et chaque bâtiment du pays, dans une visualisation 3D impressionnante. Il permet aussi d’élaborer des scénarios de prévention et de mesurer leur efficacité : suffit-il d’empiler des sacs de sable en cas d’inondation ? En combien de temps une inondation atteint-elle mon terrain ? Combien de temps l’eau resterait-elle dans le bâtiment ? Quel serait l’effet d’un mur de protection ?
Selon Daniel Degeling, cette singularité pose un défi de plus en plus important aux assureurs directs opérant en Autriche en matière de tarification. En effet, le changement climatique a entraîné une augmentation de la fréquence et de l’ampleur des sinistres au fil des années. Or la population n’en est pas encore pleinement consciente et relâche rapidement sa garde après la survenue d’événements importants.
A cela s’ajoute le fait que les risques naturels tels que les inondations, les raz-de-marée et la pression de la neige sont aujourd’hui souvent obligatoirement « rattachés » à la couverture standard dans la branche tempête, en tant que « dangers naturels étendus ».
Les assurances autrichiennes proposent généralement un package regroupant une couverture incendie, tempête et grêle, une assurance contre les dégâts des eaux, une assurance étendue contre les éléments naturels et une responsabilité civile. Cette caractéristique requiert des exigences techniques élevées en matière de tarification, adaptée au risque pour chaque composante du risque. La réglementation, qui impose des limites strictes aux ajustements des cotisations, place également les assureurs devant des défis importants pour une gestion durablement rentable.
En ce qui concerne les réassureurs, la pression était gérable ces dernières années. En effet, la couverture de réassurance a pu être achetée à un prix relativement bas s’agissant des dangers naturels, en raison de la surcapacité existante. « La situation a toutefois changé au cours des deux dernières années compte tenu du durcissement mondial du marché de la réassurance », observe Daniel Degeling. « De nombreux assureurs autrichiens ont dû augmenter sensiblement leurs franchises et leurs dépenses en réassurance ». De plus, la multiplication des sinistres a joué un rôle décisif dans le renchérissement des franchises, mais elle est tout de même compensée – avec un décalage dans le temps – par le biais des primes indexées dans les contrats primaires, une pratique habituelle en Autriche.
Dans l’ensemble, le degré de maturité de la tarification en Autriche présente un potentiel de développement, sans doute aussi parce que la pression sur les prix et la concurrence n’y a longtemps pas été aussi intense que sur d’autres marchés. « Nos données montrent que la rentabilité de nombreux produits d’assurance en Autriche a souvent été très volatile ces dernières années et qu’elle a tendance à diminuer », déclare Onnen Siems, directeur de Meyerthole Siems Kohlruss (MSK), société de conseil actuariel à Cologne. MSK organise et évalue plusieurs pools de données interentreprises relatives aux déclarations de portefeuille et aux sinistres de divers assureurs directs autrichiens. L’importance de telles analyses, qui permettent de prévoir plus précisément les montants des sinistres attendus et d’identifier plus précisément les risques plus rentables, est désormais de plus en plus reconnue en Autriche également, à en croire Onnen Siems. « La tendance est à une plus grande différenciation des prix ».
Toutefois, les assureurs sont souvent confrontés à un phénomène classique d’anti-sélection lorsqu’ils ne proposent des couvertures que contre certaines catastrophes naturelles. Ainsi, les personnes vivant en montagne ne s’assurent pas contre les inondations, à la différence des personnes vivant en plaine, qui sont davantage exposées à ce risque. « Tous ces facteurs combinés tendent actuellement à créer un déficit de prix sur le marché autrichien. Cela représente également un défi pour les réassureurs, car les solutions de réassurance basées sur le partenariat en étroite collaboration avec les clients fonctionnent mieux lorsque l'activité principale est opérationnellement saine », explique Daniel Degeling.
Il n’est donc pas surprenant que l’obligation d’assurance fasse l’objet de vives discussions. Le spécialiste des catastrophes naturelles Thomas Hlatky est convaincu que seule une assurance tous risques obligatoire peut conduire à une protection durable de la population de la République alpine.
Certes, les initiatives de sensibilisation comme le projet HORA permettent à davantage de personnes de prendre conscience de la diversité des dangers. « On se dit alors peut-être : d’accord, je ne suis pas personnellement concerné par les inondations, mais à la prochaine tempête, mon toit pourrait s’envoler, à la prochaine grêle, ma façade pourrait être endommagée », explique Thomas Hlatky. « Néanmoins, le problème de l’anti-sélection demeure si l’on ne peut pas regrouper le plus grand nombre possible de risques naturels dans une seule assurance. Les assureurs seuls, à savoir sans cadre réglementaire étatique, ne peuvent pas le résoudre ».
L’accord économique entre l’Union européenne et les pays du Mercosur devrait renforcer le commerce mondial. Les négociations sont en cours depuis plus de 20 ans, mais les deux parties ne cessent de réajuster le tir, alors que le texte suscite la colère des agriculteurs et des écologistes. Pour les assureurs, l’accord pourrait en valoir la peine, tant les besoins en matière d’assurance dans la région sont élevés.
Lorsque le nouveau président brésilien Lula da Silva a pris ses fonctions en janvier, le pays a été au centre de l'attention du monde entier. Le chancelier allemand Olaf Scholz s’est d’ailleurs rendu en Amérique du Sud afin de féliciter le nouveau président et de décider d’un plan de travail commun. Le Brésil, qui est le plus grand pays de la région avec une population d’environ 215 millions d’habitants, joue un rôle clé dans le partenariat commercial entre l’Union européenne (UE) et les pays du Mercosur que sont le Brésil, l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay. Tous veulent conclure un accord de libre-échange avec l’UE, prévu depuis plus de 20 ans. Un chantier qui vient d’entrer dans sa phase finale.
L’accord donnerait lieu à la plus grande zone de libre-échange du monde, couvrant plus de 770 millions d’habitants, et devrait accroître le commerce grâce à une baisse des droits de douane. « Ce texte est destiné à préparer la voie à la transformation de nos économies et à renforcer la coopération technologique et industrielle », a déclaré le chancelier Olaf Scholz lors de sa visite au Brésil.« Il devrait également renforcer la protection de l’environnement et du climat, et élever les normes sociales et de travail ». Des objectifs qui vont de pair avec l’espoir d’un regain de croissance de part et d’autre. Alors que l’Europe et l’Amérique du Sud cherchent à s’affranchir de leur dépendance économique vis-à-vis de la Chine, l’accord de libre-échange pourrait servir de contrepoids. De plus, l’UE est en quête d’alternatives aux matières premières en provenance de Russie. L’Allemagne, en tant que nation exportatrice, est, elle aussi, particulièrement dépendante du commerce mondial et pourrait bénéficier de l’accord. Des droits de douane pour un montant de quatre milliards d’euros seraient ainsi supprimés chaque année, profitant particulièrement aux secteurs de l’automobile, de la construction mécanique et de l’industrie chimique. Il n’est donc guère surprenant que des associations industrielles telles que la Fédération des chambres de commerce et d’industrie allemandes (DIHK) et la Fédération de l’industrie allemande (BDI) soient favorables au traité. « C'est une bonne base pour atténuer la pénurie de matières premières en Europe et pour diversifier les chaînes d’approvisionnement des entreprises allemandes », affirme Peter Adrian, président de la DIHK. En ces temps dominés par l’isolationnisme et le protectionnisme, la BDI y voit quant à elle un signal important en faveur du commerce multilatéral.
La zone de libre-échange compte 770 millions d’habitants, dont 512 millions dans l’UE et 260 millions dans les pays du Mercosur.
Néanmoins, l’accord fait l’objet de nombreuses critiques, en premier lieu de la part des organisations de protection du climat et du lobby agricole. Greenpeace, par exemple, le qualifie de « traité toxique » visant à faciliter le commerce de produits nocifs pour l’environnement et le climat, comme le soja, le bœuf, les voitures et les pesticides. Les agriculteurs montent également au créneau. « Dans sa forme actuelle, cet accord commercial représente une grande menace pour l’agriculture allemande et européenne », déclare Joachim Rukwied, président de l’Union des agriculteurs (Bauernverband). La fédération redoute que les importations agricoles ne menacent la compétitivité internationale des agriculteurs de l’UE.
A l’inverse, l’accord pourrait également offrir de nombreuses opportunités. Cela vaut aussi pour les assureurs, car les besoins en termes de couverture sont élevés.
Sur le plan économique, les pays du Mercosur vivent certes largement de l’exploitation minière, de l’agriculture et du pétrole. Mais la plupart de leurs entreprises sont des PME. C’est pourquoi la Deutsche Rück se concentre sur les assureurs directs locaux et régionaux qui entretiennent des liens étroits avec des réseaux de distribution profondément enracinés auprès de cette clientèle. Parallèlement, la classe moyenne de ces économies s’accroît et, avec elle, la propriété privée de maisons, de voitures et d’objets d'aménagement. Les risques politiques et macroéconomiques viennent s’y greffer. Sans assurance, les entreprises et les biens privés demeurent toutefois non protégés. En effet, la pénétration de l’assurance dans les pays du Mercosur est traditionnellement faible. La pandémie a montré de manière exemplaire que le manque de couverture d’assurance n’est pas seulement un problème théorique, mais qu’il représente bel et bien un réel danger pour le développement économique de l’Amérique latine.
Plus les conditions générales sont incertaines et volatiles, plus la couverture d’assurance et les relations à long terme et surtout stables entre assureurs et réassureurs sont importantes.
« Un accord UE-Mercosur pourrait envoyer un signal positif », déclare Florian Kummer, responsable du secteur de marché Amérique latine à la Deutsche Rück. « On peut espérer que ce partenariat renforcé débouche sur des réformes urgentes dans d’autres secteurs économiques, et conduise ainsi à une nouvelle stimulation des marchés et à un allègement des charges bureaucratiques ».
La Commission européenne négocie encore avec les pays du Mercosur une déclaration supplémentaire à l’accord, dans laquelle les points litigieux en suspens doivent être clarifiés. Selon les informations, l’accord devrait être conclu d’ici fin juin. La voie serait alors libre vers la constitution de la plus grande zone de libre-échange du monde et d’un marché riche en opportunités… mais aussi en défis.
Il y a quelques années, la blockchain était l’un des sujets numériques les plus brûlants dans le secteur de l’assurance. La promesse alors avancée consistait à rendre l’échange de données plus efficace grâce à l’utilisation de la technologie dite des « registres distribués » (Distributed Ledger), avec l’objectif final de simplifier radicalement la facturation et la gestion des contrats d’assurance. Toutefois, des voix critiques se sont élevées dès le départ : avant de chercher à déployer bille en tête la blockchain – en s’inspirant de son grand succès dans l’univers des crypto-monnaies –, il conviendrait d’abord d’identifier un cas d’usage pertinent dans le secteur de l’assurance, conformément à l’adage selon lequel la technologie doit reposer sur un modèle commercial.
La mise en œuvre s’est entre-temps effectivement heurtée à des difficultés, comme l’a illustré l’an dernier la faillite retentissante de l’insurtech « B3i ». De fait, B3i n’était pas une simple start-up du secteur de l’assurance, mais une initiative sectorielle commune. Vingt-et-un assureurs et réassureurs européens de renom s’étaient réunis en Suisse à partir de 2016 pour former cette initiative. Il n’empêche, les concepts et les idées de B3i n’ont pas débouché sur des applications standard pour le marché. Les intérêts des protagonistes, parmi lesquels figuraient également de grandes sociétés de courtage, étaient manifestement trop divergents, ce qui avait contraint la startup à s’atteler simultanément au développement de concepts tout aussi variés.
La disparition de B3i a-t-elle pour autant enterré toute velléité d’introduire la technologie de la blockchain dans le secteur de l’assurance, comme le pensaient certains observateurs du marché ? Il serait prématuré de l’affirmer. D’une part, celle-ci permet de résoudre un problème central, en particulier dans le domaine de la réassurance : la gestion coûteuse de documents très complexes, dont le traitement nécessite encore aujourd’hui un travail considérable. Nombreux sont les réassureurs qui ne pourront plus se permettre cet investissement à l’avenir. D’autre part, nous disposons déjà d’exemples concrets d’utilisation réussie de la blockchain sur les marchés internationaux de l’assurance, à l’image par exemple d’une application du Pool nucléaire européen ou encore d’une solution du groupement européen de mutuelles d’assurance EURAPCO pour l’assurance transport. En dépit de toutes les critiques, il existe aussi en Allemagne une solution blockchain qui a fait ses preuves dans la pratique.
Les prestataires de services informatiques et de procédures de réassurance Consurance et Inveos ont en effet lancé une solution d’échange numérique de décomptes de réassurance et d’informations sur les sinistres, en collaboration avec la startup Ritablock qui s’appuie sur la blockchain. Dès le début, la Deutsche Rück a suivi de près le développement du projet. Depuis la réussite d’un pilote en 2019 et le lancement de l’échange de données productif des décomptes de réassurance en 2021, le système fonctionne avec succès sur le marché.
Le cercle des utilisateurs n’a depuis cessé de s’élargir. Entre-temps, Helvetia, Swiss Re, Talanx, les assureurs publics allemands VGH Versicherungen, Öffentliche Versicherungen Oldenburg et ÖSA Versicherungen travaillent avec Ritablock. Sur le marché autrichien, Oberösterreichische Versicherung, Grazer Wechselseitige, Tiroler Versicherung, Kärntner Landesversicherung, Niederösterreichische Versicherung et Vorarlberger Landesversicherung font également de même.
Ritablock se concentre sur les éléments clés de la chaîne de processus : l’administration des décomptes de réassurance et de sinistres. L’application remplace l’échange de données de décompte non structurées entre les assureurs et les réassureurs ainsi que la saisie manuelle par un transport strictement numérique et une cartographie automatisée dans des données structurées et standardisées à l’aide de la technologie blockchain sécurisée. « C’est une solution intelligente qui permet aux assureurs et aux réassureurs de réaliser d’importants progrès en matière de productivité, car elle rend possible un échange de données simple et sans discontinuité », déclare Ulrike Friedrichs, responsable de la gestion des systèmes au sein de la Deutsche Rück.
Pour ce faire, Ritablock s’est concentré sur une application simple, mais qui offre néanmoins la capacité d’automatiser l’ensemble de l’échange de données, encore largement non structuré au sein de l’industrie. Et l’application prouve que la technologie blockchain peut être utilisée avec succès dans le secteur des assurances. Jean-Pierre Fischer, directeur des marchés chez Ritablock, décrit la solution « comme une petite application simple pour le transfert de données, qui montre dans la pratique les avantages de la technologie des registres distribués. Elle deviendra à l’avenir la norme en matière de communication de données sur le marché allemand ».
Ulrike Friedrichs, responsable de la gestion des systèmes au sein de la Deutsche Rück
Malgré l’optimisme des personnes concernées, et en dépit des avantages pour les utilisateurs, le succès de Ritablock n’est pas encore assuré. Le service pourra devenir un standard lorsqu’un maximum d’assureurs et de réassureurs l’utiliseront. Or le scepticisme de certains d’entre eux face à un projet informatique supplémentaire, qui doit être intégré dans des systèmes existants parfois obsolètes, demeure un frein à une plus large diffusion. Les capacités informatiques sont limitées chez de nombreux acteurs, notamment en raison du renouvellement des systèmes centraux qui est justement en cours.
Mais l’effort nécessaire à l’implémentation de Ritablock dans le décompte de réassurance est tout à fait raisonnable, souligne Ulrike Friedrichs. Le système peut être mis en place en un mois. La pratique a en outre démontré que l’application Ritablock s’intégrait parfaitement dans les systèmes existants, qu’elle s’adaptait à toutes les interfaces et que les collaborateurs pouvaient l’utiliser rapidement sans un temps d’adaptation très long. Si l’on utilise la solution cloud pour Ritablock, aucun frais d’implémentation interne ne sera du reste occasionné.
Par rapport à d’autres marchés, l’industrie allemande de l’assurance et son autorité de surveillance agissent toujours de manière plutôt conservatrice en matière de digitalisation. Cet état de fait constitue également un obstacle à la diffusion rapide de nouvelles technologies, telles que la blockchain. Les exigences de sécurité de plus en plus importantes imposées en matière de transfert de données devraient toutefois donner un élan considérable à l’utilisation de la blockchain dans notre pays à l’avenir, prévoit Jean-Pierre Fischer.
Les possibilités offertes par Ritablock sont élargies en permanence. Les courtiers étant jusqu’à présent globalement sceptiques quant à l’échange automatisé de données avec Ritablock, une application supplémentaire a récemment été créée avec le service en ligne EBIX, qui permet de récupérer les données des portails des courtiers et de les transférer automatiquement dans Ritablock. En outre, il est prévu de poursuivre le développement de Ritablock pour le transfert de données dans le domaine des sinistres en 2023. Pour les cédants qui ne peuvent pas encore bénéficié des solutions mentionnées précédemment, une solution d’intelligence artificielle est également en cours d’élaboration. Elle vise à lire les données des documents PDF et à les transférer de manière structurée dans les systèmes de données.
Ulrike Friedrichs porte un regard positif sur l’avenir de la technologie blockchain dans la réassurance. « Ritablock a effectivement une chance de s’imposer comme un standard, parce que l’application est facile à intégrer et parce que tous les systèmes de réassurance peuvent y être connectés. La solution fonctionne d’ailleurs avec l’ensemble des interfaces qui existent sur le marché. En ce sens, Ritablock a le potentiel pour faire de la blockchain un succès en Allemagne, mais aussi ailleurs ».
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Publié en juin 2023
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